LA HUITIEME MERVEILLE.
Cela ne pouvait plus durer. A sept contre neuf, il devenait de plus en plus difficile de maintenir l’écart avec le vizir. Et honte suprême, ses cités avaient même pris le pas sur l’empire massaliote ! Quelques jours seulement, mais la cela avait suffit pour que l’assemblée décide de franchir le pas.
Depuis maintenant plusieurs semaines, les ouvriers s’activaient dans chacune des sept villes de l’empire massaliote.
Tous les jours, de lourds gaulos déchargent leurs cargaisons, constituées de matériaux de construction bien sûr, mais aussi du vin pour étancher la soif des nombreux ouvriers. Cristal pour les ouvertures et soufre viennent en plus encombrer les berges où se sont échoués les transports.
Pendant ce temps, une intense activité de pillage avait provoqué de nombreux va et viens dans les eaux ikariennes. Et chaque soir, lorsque les portes de la métropole sont fermées, les timouques lisaient et commentaient les rapports provenant de chaque cité de l’empire. Que favoriser demain ?
Les échanges avec tel ou tel membre de la grande alliance Valoris ? (Ahhh, le petit vin d’Agathé si apprécié d’un certain Paradisio …)
Le transport du marbre vers un chantier particulier ?
Ou bien l’envoi d’une flotte importante de pentécontores pour rendre une visite ‘amicale’ à quelque cité endormie dont on ramènera le contenu des entrepôts ?
Et dès le lever du jour, les ports résonnaient de l’animation liée au départ d’une flotte de navires, tandis que, tout au long de la journée, les tambours d’alarme annonçaient leur retour.
C’est ainsi qu’à six reprises, l’Artémise a quitté les rives du Lacydon en compagnie d’une nombreuse suite d’apparat pour aller saluer officiellement la fin des travaux dans chacune des villes. A chaque fois, la même cérémonie, les mêmes libations et sacrifices aux dieux de l’Olympe pour amener la prospérité, les mêmes fêtes pour célébrer la fin du chantier et le départ des artisans vers leurs prochaines œuvres.
Et à chaque fois, la foule qui s’amasse sur les plages sait que le dernier coup de marteau du dernier chantier sonnera l’heure d’un événement très important pour l’empire.
A chaque fois aussi, la casaque blanc et bleue a porté haut les couleurs des phocéens dans le tiercé…
Aujourd’hui, dans le port du Lacydon, les grandes pentécontores comme les légères trières encadrent la flotte de gaulos aux coques rebondies, dont l’amoncellement de marchandises le dispute aux décorations en couleur et variété.
L’assemblée des timouqes est là, en compagnie des prêtres, pour les cérémonies religieuses. Plusieurs taureaux venus de la Camargue sont de la fête, leurs cornes ornées de fleurs en l’honneur des dieux auxquels ils seront sacrifiés : il faut attirer leur bienveillance sur l’entreprise à venir, et la foule qui s’écoule dans les ruelles est pleine de ferveur.
Il y a peu l’Artémise est revenu de la dernière cérémonie d’inauguration et chaque habitant de l’empire massaliote l’a compris : l’heure est enfin arrivée. Même Yann l’a vu venir et il a déjà empli ses caves en prévision des festivités à venir. En plus de son contingent de jeunes gens prêts à tenter l’aventure, avec armes et bagages, chaque cité a envoyé une importante délégation et la métropole résonne depuis de chants et de rires.
Dès que la dernière et septième résidence du gouverneur a été améliorée (accompagnée d’une belle double place dans le tiercé), la mise en chantier de la huitième ville a été programmée. Et aujourd’hui c’est le grand jour ! La flotte qui va appareiller ira fonder une ville de production de marbre. Le choix s’est porté pour une fois, sur un site à l’intérieur des terres. Rassurez-vous, ce sont des marins, et c’est au bord du grand fleuve que cette cité verra le jour.
Son nom ? Théline.
Et ce sera la huitième merveille de mon empire !
Mais qu'est devenue Théline de nos jours? Google viendra-t-il au secours de maître Capello?